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Au centre du dialogue culturel - Hugues Girard et Justine Chalandon

  • Photo du rédacteur: Rédaction BOOQ
    Rédaction BOOQ
  • 24 mars 2020
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 avr. 2020

Un GRIN cosmopolite !


À l’aube de la crise sanitaire que nous traversons, les reporters de BOOQ profitèrent du dernier jour avant un confinement général annoncé en France pour investir un tiers-lieu clermontois.

GRIN est une association Clermontoise âgée depuis maintenant six ans, s’est installée sous la forme d’un tiers-lieu, rue Saint-Hérem, comme espace d’expression libre et de mixité sociale.

L’association revendiquée franco-malienne à l’image du couple de Mathieu, un des fondateurs et des gérants de Grin, propose de vivre des expériences d’enrichissement unique.

Avec des influences venues de toutes les parties du monde, ce lieu propose un café, une librairie, une médiathèque, un espace central qui se prête au débat, à l’échange, les adhérents (un peu plus de 500 personnes aujourd’hui) peuvent jouir d’un lieu riche de culture et de passion.


À l’origine de nombreux projets sociaux et éducatifs, notamment la cabine téléphonique du jardin Lecoq réinvesti en bibliothèque urbaine ou bien du festival « un samedi à Bamako », l’association au fil du temps est devenu un acteur de l’économie sociale et solidaire sur le bassin clermontois. Le projet Grin s’inscrit ainsi dans cette continuité, cette volonté de partage de connaissance, de faire connaitre différentes cultures, notamment la culture Ouest africaine et de s’intéresse à différents horizons. Mathieu transpire cette volonté de partage et nous avoue que ce lieu, outre ses objectifs sociaux-éducatifs, est un prétexte pour :

« Mieux se connaitre soi-même, passe par la connaissance de l’autre, c’est établir un dialogue pour mieux connaitre l’autre et obtenir un effet miroir. »

Le prétexte du dialogue inter culturel va devenir au fur et à mesure le principal motif du lieu où : « comment favoriser la rencontre, comment faire dialoguer, se rencontrer des gens qui pensent ne rien avoir en commun. ».

Le « Grin », ou la création de « Grin », est un concept inspiré d’une tradition malienne, c’est un thé qu’on cuit trois fois. C’est cette cérémonie qui vient scénariser les échanges au sein du lieu. Ici Mathieu nous explique l’enjeu d’avoir des discussions de l’ordre du quotidien, avec des gens avec lesquelles nous n’avons pas l’habitude de discuter.

Ainsi la « cérémonie » est organisée en trois temps, trois temps qui font écho aux trois thés du Grin.

Le premier thé est le plus fort, il correspond au temps de l’étonnement, c’est aussi le plus amer. Cette phase est consacrée à l’écoute de chaque personne qui viendra à parler dans le cercle, « quand la personne parle dans le cercle, s’exprime c’est le temps qui va permettre de comprendre comment celle-ci regarde le monde, ainsi, quand il vient raconter son imaginaire, toi tu essaies de faire taire les voies en toi, tu te mets volontairement à l’école de l’autre, et à l’image du thé c’est l’écoute qui est amer ». Mathieu nous démontre l’importance de cette phase dans la construction du Grin.

Puis vient le temps d’un second thé, il est dilué, moins fort et correspond au temps du questionnement. On passe d’une phase d’écoute à une phase d’interactions, les individus sont actifs, ils ont écouté les pensées des uns, des autres et peuvent commencer à co-construire quelque chose.

Enfin, le troisième thé, c’est le thé de l’ouverture et c’est la valeur de base du Grin. Au Mali, c’est le seul thé autorisé aux enfants. Cette phase est enracinée dans les deux premiers temps, et il n’est pas question d’une ouverture naïve. « Tu as les armes, toutes les informations, les arguments, les contre-arguments, tu peux ainsi rejoindre l’avis de certains, combattre l’avis des autres… l’idée n’est pas de dire qu’on s’aime tous, mais qu’on est là, tous ensemble et là présents de fait. »

Ce concept basé sur trois notions clés (l’étonnement, le questionnement et l’ouverture), que Mathieu et ses associés ont mis en place incarne cette volonté, cet engagement pris au nom du partage culturel. Les gens adhérent ici à prix libre, puis renseigne leurs centres d’intérêts. Afin de proposer un cadre global sept grandes catégories existent : société, création, planète, geek, spiritualité, famille et sport. Sept thème qui font écho à un cadrage temporel des sept jours de la semaine, afin d’incarner un endroit qui embrasse une large diversité de sujets, de centres d’intérêts, et qui favorise la visibilité de cette diversité. Une structure nécessaire à la construction des contenus, et surtout à l’éditorialisation de ces contenus.

Ainsi l’association décline plusieurs manières d’agencer le Grin, via des « causeries », des podcasts, des conférences…. L’enjeu est de créer un temps riche avec une discussion construite.

Grin donne l’espace, la documentation, et des valeurs que les participants doivent s’approprier. Quand on demande à Mathieu d’expliquer les valeurs de Grin, nous pouvons encore nous satisfaire de la place de la liberté permise dans ces échanges.

« La plus grande richesse d’un territoire réside dans la variété, dans les différentes manières de regarder et de penser le monde. Une fois que t’a posé ça, ce qui importe c’est que ça te plaise ou non tu dois te mettre à l’écoute. ».

Café, bibliothèque et média - au coeur de GRIN
Entrée du tiers lieu

Dans une société qui prône l’individualisme et la classification des genres et des manières de penser, Grin veut être une association qui fédère de l’échange, de nouveaux liens sociaux.

« On est des idéalistes ! »

S’inspirant de la notion de Tribu postmoderne du sociologue Michel Maffesoli, Grin se révèle comme créateur d’un mode d’être ensemble tribal en réussissant à fédérer une communauté partageant les mêmes dénominateurs communs : ouverture d’esprit, réflexion, curiosité envers l’autre…

Ce tiers lieu se veut créateur d’interaction, « de friction », d’échange ! Créer de l’interaction pour exposer nos intérêts communs, rapprocher les gens qui ne se connaissent pas pour discuter, apprendre des autres. Ici, on retourne à l’école, on apprend, on grandit. Parce qu’au final le mieux pour appréhender les autres, c’est de savoir qui on est, qu’est-ce qui nous définis, quelles sont nos valeurs et centre d’intérêts ? « Connais-toi toi-même », voilà ce que Mathieu nous dit, pour apprendre. Pour parvenir à comprendre cette « imprévisibilité » qui régit entre les acteurs de notre société actuelle, non pas pour ne plus vivre avec mais pour qu’elle ne soit plus une barrière entre les Hommes. Il évoque également le concept de « créolisation », un métissage qui renvoie à cette imprévisibilité, qui n’est ni une somme, ni une synthèse mais une friction.

Dans cette institution du partage, nous pouvons humer ce sentiment, ce besoin qu’ont les individus « d’être ensemble ». On sent que quelque chose nous échappe et c’est cette imprévisibilité dont Mathieu nous parle, qu’il compare au contrôle obsolète des états sur les institutions, remettant ainsi en question, la notion de diversité en France telle qu’elle existe et est illustré aujourd’hui dans notre cher pays. La volonté de vouloir contrôler le partage de la culture est une erreur, et Grin propose une alternative à cela… diversifier par la culture en cessant de vendre la diversité comme un bien.

« La transition est un sujet qui nous concerne tous. Ce modèle est dépassé, même le modèle d’être ensemble universelle est rincé, très européo-centré, capitalo-centré… tous les mouvements de demain sont bien plus intéressants. ».

Grin propose de retrouver cette pluralité à travers tous les sujets, sur tous leurs formats

« quand on fait désobéir, l’idée c’est d’interroger cette désobéissance à travers les sept grandes catégories » (désobéir, émission en podcast sur leur site).

L’association derrière ses aires idéalistes revendiquées, se démarque par son objectivité dans la mise en forme de la transition, dans la mise en œuvre de son fonctionnement. « Chez Grin, on veut construire à partir de ce qui est. C’est là l’intérêt du processus du Grin, qu’importe mon avis, les besoins de chacun, que ça me désole ou pas, c’est le constat qui compte. Tu vois demain ici, ce sera privatisé, suite à leurs demandes, pour un débat autour des questions transgenres, de la femme, etc. bref interdit aux hommes dits cis genres. C’est une discrimination, et tu pourrais me dire que ça va à l’encontre de l’enjeu de ce genre d’endroits… mais c’est le constat de notre société actuelle, les femmes, certaines communautés, ont besoin de se rassembler entre eux, ce n’est pas le propos, c’est le constat réel ».

La prise de position de ce collectif peut induire un climat clivant et débat subversif, cependant, leur ligne de conduite est claire, construire, avancer à partir du monde qui est, dans lequel nous sommes ensemble.

« Un idéal ? Mon utopie… elle est matérialisé à travers Grin, c’est transposer ce qu’on fait au Grin à une société entière. Est-ce qu’on monde de demain peut-être Grin ? »


Engagé parmi le réseau d’acteur de cette transition, qui nous est chère chez BOOQ, Grin entre partage, réalité, ouverture et friction offre à la capitale auvergnate un tiers lieu qui répond au sentiment d’individualisme qui peut nous accabler. La philosophie partagée, l’ambiance ressentie invite ici au voyage, à la connaissance, à franchir le pas d’un faux vertige qui nous sépare des autres. Un monde de diversité qui n’a pas froid aux yeux face à une réalité glaçante. Le tiers lieu propose une habitabilité collective à travers des expériences immersives qui vous permettront de saisir la beauté de la simplicité de l’échange.



 
 
 

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