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Penser la sphère - Frédéric Lebas

  • Photo du rédacteur: Justine Chalandon
    Justine Chalandon
  • 16 mars 2020
  • 12 min de lecture

Penser la sphère. Avant propos de Le Dôme, Habiter le rond, ouvrage collectif sur les auto-constructions de dômes géodésiques, sous la direction de Jean Soum, Auto édition, 2010.



PENSER LA SPHERE, OU L’INVITATION A PENSER AUTREMENT L’ECOLOGIE

Frédéric LEBAS

Depuis quelques décennies nous assistons à l’émergence d’une sensibilité partagée de tous. Nous pourrions la désigner par sensibilité écologique, environnementale, atmosphérique même, relative à l’annonciation d’un new age, ou plus simplement, à la fin de l’histoire, si l’on se réfère à la pensée postmoderne, que l’on définit de manière plus raisonnable, et vital, selon une portée politique, en terme de développement durable. L’un des symboles qui cristallise et agrège toutes ces acceptions a priori disparates serait la sphère et ce texte aura la gageure de perpétrer cette discussion depuis longtemps engagée.

Cette figure archétypale semble être l’une des clés de compréhension des usages contemporains de l’auto construction. Car la sphère, enfin toutes les formes ovoïdes et courbes issues de la Nature, est le plus sûr moyen permettant d’accéder à une pensée de l’espace. En effet, les espaces dans lesquels nous sommes inscrits ne sont pas vides, mais au contraire chargés d’un imaginaire fédérateur et dense, reflet des considérations contemporaines.

Aux côtés des formes parallélépipédiques communément utilisées en architecture, cette forme détiendrait au sein de l’imaginaire collectif une place significative. Arrondir les angles droits, courber ce qui est rectiligne, introduirait un paradoxe que nous pourrions résumer en ces termes : les formes hémisphériques ont cette particularité d’émanciper l’être humain de son propre milieu, pour s’y enfermer, et a contrario, la sphère nous offre un des éléments réflexifs nous permettant d’accéder au cosmos, telle que la voûte étoilée du ciel, les coupoles byzantines, et faire que l’intérieur est topologiquement renversé pour devenir un extérieur.

A cet égard, cette forme est l’une des conditions sine qua none contemporaine d’une reconsidération complète, cette fois-ci humble et respectueuse, du milieu avec lequel nous interagissons. De cette sensibilité renforcée ou du moins redécouverte, si l’on s’en tient au fait que certaines connaissances ont été occultées au profit des sciences modernes, naît le désir de construire soi-même son habitat en correspondance, en syntonie avec le milieu. L’humain ne recherche plus depuis longtemps à s’adapter à son milieu, mais il crée désormais les conditions optimales atmosphériques et ergonomiques de sa propre survivance.

Dans ce texte nous proposerons de toucher les résurgences imaginaires de cette sphère, et ainsi accéder à ce qui se trame actuellement. Les utopies deviendraient réalisables, et devant les dystopies ambiantes, sur fond de réchauffement climatique, nous revenons à un imaginaire issu du quotidien que Michel Foucault désigne par hétérotopie. Tout ceci contribue à un retour à la terre, au carpe diem du terroir, à la territorialisation du lieu, enfin à l’ici et maintenant. Pour le sociologue Michel Maffesoli le « lieu fait le lien » lorsque l’on observe de près les socialités contemporaines. Le célèbre axiome « La carte n’est pas le territoire » d’Alfred Korsybski, père de la sémantique générale, nous permet de soupeser toute l’inconscience de certaines décisions politiques et économiques abstraites, qui prises à distance n’auraient portées, ne serait-ce qu’un seul regard, sur le terrain. Et finalement, nous ne devrions pas oublier que « la ville est une carte habitée »[i], en modifiant quelque peu le titre d’un texte de l’historienne de l’art Marie Ange Brayer.


L’UNIVERS EST COURBE

Avant de pénétrer plus avant dans le sujet qui animera cette réflexion, nous nous devons d’expliciter ce que symbolise la courbe ou la rondeur selon l’un des penseurs de l’espace qu’est Gaston Bachelard. Cette forme, dont on attribue l’origine aux premiers habitats de l’humanité, nous aurait pour ainsi dire toujours accompagnée, bien avant que ses propriétés géométriques soient connues de nous. Nous retrouvons ici les habitats qu’inventèrent les tribus nomades, tel les Inuits avec les igloos, les Mongoles et leurs yourtes, ou les sédentaires, comme en Afrique avec les huttes des tribus Zoulous… De manière contemporaine, cette bulle fut intronisée à partir des années 30 par Burckminster Fuller dans son projet Dymaxion, d’autres projets suivirent tels que EndLess House de Kiesler. De manière phénoménologique, le rond est l’une des formes les plus primitives, dont le pouvoir imaginant qu’il suscite sur la pensé ne cesse de tarir. Pour Gaston Bachelard « Elles nous donnent une leçon de solitude. Il faut, un instant, les prendre pour soi seul. […] Si l’on se soumet, à la force hypnotique de telles expressions, voilà qu’on se tient tout entier dans la rondeur de l’être, qu’on vit dans la rondeur de la vie comme la noix qui s’arrondit dans la coquille. »[ii]

Pleine, la sphère désignerait la singularité et la totalité de l’être, et l’épiphanie de l’unité corporelle qui s’incarne dans l’espace. On se souvient ici de ces êtres primordiaux androgynes évoqués par Aristophane dans Le Banquet de Platon. La rotondité devenant creuse, elle contiendrait l’espace tout entier, pour devenir la coquille dans laquelle nous avons élu domicile. De ce fait elle désignerait autant la terre que la voûte céleste, et la chaleur utérine de la mère. Une niche douillette, réceptacle de notre intimité, un lieu qui par le truchement des correspondances se suffirait à lui-même. Et enfin, ce que nous développerons ultérieurement, elle devient, cette rondeur, le paradigme nous permettant de penser et de réunir de manière médiane la dialectique de l’intérieur et de l’extérieur.

En réponse à la question de J.J.Wunenberger dans son texte sur l’imagination cosmopoétique « comment, pouvons nous accéder dès lors à cette imagination cosmophore, nous installant dans cette interface où le sujet sympathise avec le cosmos ? »[iii] nous pouvons lui répondre que la courbe, au même titre que l’immensité désertique (qui lui-même à l’horizon est courbe) qu’il propose, permet cet accès privilégié. Avec ce qu’offre en plus la courbure, elle devient au même titre que la coupe, l’archétype permettant de toucher aux symboles de l’embrassement de la totalité, du cosmos. L’être au monde serait ainsi contenu en cette figure métonymique de l’habitat sphérique, car à elle seule, elle contiendrait tout ce qui étymologiquement est désigné par l’oekos : la demeure de l’être, en d’autres termes l’habitat, la maison, le foyer… enfin tous milieux où résident l’être.


CHANGEMENT DE PARADIGME ?

Plus récemment Peter Sloterdijk, qui s’inspira de la démarche phénoménologie de Gaston Bachelard, proposa sur trois tomes intitulés Sphère I, II et III, de confronter les considérations contemporaines liées à l’espace pris dans son sens large (intime, politique, architectural), au concept de bulle. Pour l’auteur, cette sphère devient à bien des égards l’un des schèmes de compréhension des plus prolixe. « La sphère est la rondeur dotée d’un intérieur, exploitée et fragmentée, que les hommes habitent dans la mesure où ils parviennent à devenir des hommes. Parce qu’habiter signifie toujours constituer des sphères, en petit comme en grand, les hommes sont les créatures qui établissent des mondes circulaires et regardent vers l’extérieur, vers l’horizon. Vivre dans des sphères, cela signifie produire la dimension dans laquelle les hommes peuvent être contenus. »[iv]

Après ceci, il n’y a rien d’étonnant à ce que cette forme soit l’inspiratrice d’une remise en question de l’habitat, qui depuis des centaines d’années en Occident a plutôt été animé par les formes parallélépipédiques et monolithiques en tous genres. Celles-ci symbolisant la victoire, au goût amer, de l’artificialisation de l’espace, du pouvoir surplombant et panoptique relatif à l’exclusion et à la séparation sociale, qui vécut ses heures les plus sombres dans l’hygiénisme du XIXème siècle. La structure architecturale à base cubique symboliserait la pesanteur. Elle désignerait, d’autre part, l’instabilité par excellence, comparée aux polyèdres que proposent des architectes comme Emmerich, Fuller, Wachsmann ou Bell.


IMITATION DE LA NATURE

Les formes ovoïdes, comme chacun sait, sont issues de la nature, elles sont un « donné » dont nous ne pouvons nous déprendre, sans écarter toutes techniques et sans occulter toute une partie de notre architecture qui s’inspire des constructions issues de la nature. Grâce à une observation attentive et intuitive des formes qui nous environnent, des redondances de formes surgissent et s’offrent au regard, du moins pour celui qui possède le coup d’œil et la patience adéquate. Qu’elles soient spiralées, constituées d’un treillis d’entrelacs, ou de base polyédrique, ces œufs, coquilles, cocons ou nodules détiennent des potentialités qui invitent à se lover dans leur intimité. Reproduites à notre échelle, elles sont, de même, les plus aptes à accueillir en leur sein nos frêles existences. C’est par ce processus de la mimesis ou bien ce que l’on désigne par la bionique que nous nous réapproprions la nature et pouvons la transformer en autre chose. En forgeant ce terme de bionique, Frei Otto[v] fut l’un des premiers à mettre en avant, outre Léonard de Vinci, l’étude des systèmes biologiques afin d’en tirer des applications technologiques. Ici s’installe ce nécessaire écart entre le processus mimétique de la reproduction du vivant et l’invention humaine. Le sociologue Gabriel Tarde qui écrivit Les lois le l’imitation[vi] dès 1890, démontre bien que cette imitation n’est pas qu’une simple reproduction du pareil au même, car à chaque intention d’imiter la nature, s'établit un décalage ; ce principe d’invention devenant pour ce dernier l’un des élans vitaux lié au renouvellement du social. Cette intervalle n’est pas forcément suggérée par la technique elle-même, mais par l’usage culturel que l’on en fait. Frei Otto a cristallisé, du moins démontré architecturalement, par le terme de bionique, toute la richesse et l’ingéniosité morphologique que l’architecte emprunte à la nature, tel que le modèle des radiolaires. Nous conviant ainsi à la revisiter, à s’inspirer d’elle. Ce savoir qu’offre la forme sphérique se fonderait autant sur des données empiriques et sensibles liées à l’expérience paysagère et architecturale des bâtisseurs, que sur des données abstraites issues de la réduction logico-mathématique, et il se construirait, ce savoir, par un balancement entre ces deux pôles.


AUTOCONSTRUCTION COMME REPONSE AU NIHILISME

Ici s’impose de soulever l’un des enjeux théorique de taille qui débute à l’essor des architectures expérimentales des années 50 aux années 70, et qui se concrétisa par l’émergence de l’autoconstruction. Ou comment ces architectes partent de l’utopie « pure » de Thomas Moore, dénuées de lieux, en passant par les contre-utopies du XXème siècle – le phalanstère de Fourier - pour aboutir aux utopies réalisables, en référence à Yona Friedmann.

De prime abord, il faut souligner que le terme d’autoconstruction renvoie à de nombreuses acceptions connexes telles que : autorégulation, autosuffisance, autogestion, autoproduction, autopoièsis même. Ces mots ne doivent pas être entendus dans le sens d’une autonomie exacerbée, selon des principes d’une société individualiste : chacun tourné vers son propre nombril et ego surdimensionnés. Mais plutôt, dans le contexte d’une société où le lien social semble se déliter, opter pour un moi recentré qui s’engendre grâce aux interactions avec l’autre. Il se dessinerait une nouvelle configuration paysagère, grâce à l’élaboration d’une architecture concrète, au plus proche des considérations du terrain, du local ou de l’emplacement. L’autoconstruction actuelle serait l’une des expressions de l’inquiétude qui transparaît face au déséquilibre, légitime et manifeste, de la biosphère.

Ces inquiétudes prendraient leur source à un certain pessimisme ou nihilisme, résultant d’une prise de conscience de plus en plus éclairée sur la non-adéquation des processus d’artificialisation que constituent la technosphère et notre biosphère. Ainsi, à chaque terme nous permettant de décrire nos propres milieux de vie, et définir ce qui demeure en dehors de la sphère d’influence de l’homme, nous sommes confrontés à un nouveau dilemme de l’enfermement qu’il nous faut dépasser. En grossissant les traits, se succèderaient les notions de paysage, d’environnement puis celle de milieu, pour aboutir à celle de parc. Un parc qui nous permettrait de parquer autant les animaux que les êtres humains[vii]...

Pour Raoul Vanegeim « Au-delà de cette ligne, qui est celle du nihilisme, commence une perspective nouvelle, non le reflet de l'ancienne, non son involution. Plutôt un ensemble de perspectives individuelles harmonisées, n'entrant jamais en conflit, mais construisant le monde selon les principes de cohérence et de collectivité. »[viii].Tout le monde semblerait informé de ce qui se trame, mais malgré ce sage enseignement, on persiste à croire que rien ne se passera. Pourtant, il y eut nombre de projets de sociétés expérimentales très captivantes tel que celui d’un Burckminster Fuller qui désirait bâtir le plus simplement et solidement possible, grâce à la synergétique, de Parent et Virilio avec l’« architecture principe » recherchant à contrecarrer la souveraineté du centralisme par un polycentrisme, ou bien une architecture spatiale et créatrice de « situations » dans la veine situationniste pour Archigram. Peut-être que ces derniers auraient du être plus écoutés. Le paysage urbain actuel rappelle sans cesse qu’il n’y a pas de correspondance entre les désirs de l’habitant et ceux de ses constructeurs. La machine à habiter de Le Corbusier aurait été mal interprétée, n’engendrant que des problèmes de « banlieues », de logements insalubres…


L’HETEROTOPIE, OU COMMENT EXPLOITER L’INTERSTICE

Peut être reste-t-il un échappatoire devant tant d’incertitudes : l’hétérotopie. Cette posture de Michel Foucault nous invite à prendre en considération l’ensemble des relations d’une société, pour selon ses termes, créer une « expérience mixte ».. « Il y a également, et ceci probablement dans toute culture, dans toute civilisation, des lieux réels, des lieux effectifs, des lieux qui ont dessinés dans l'institution même de la société, et qui sont des sortes de contre-emplacements, sortes d'utopies effectivement réalisées dans lesquelles les emplacements réels, tous les autres emplacements réels que l'on peut trouver à l'intérieur de la culture sont à la fois représentés, contestés et inversés, des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables. »[ix]. Cette définition de l’hétérotopie est proche de ce que désigna par la suite Hakim Bey, théoricien de la contre culture des années 90, par TAZ[x] (Temporary Autonome Zone). Inspiré de la piraterie, la TAZ est un évènement, un espace interstitiel qui en constante migration échappe au pouvoir, par territorialisation et deterritorialisation successives. Sauf que la temporalité du dôme, du zôme ou toutes autres autoconstructions ne fait pas partie du règne de l’éphémère, du transitoire, mais s’inscrit, comme tout bâtiment, dans la durée.

Ainsi, au lieu de proposer des utopies – alors que nos sociétés glissent dangereusement vers une dystopie ambiante : l’œil hémisphérique et immanent de Big Brother serait-il définitivement ouvert ? aidé de Monsieur traçabilité informatique et de Madame biométrie – ne vaudrait-il pas mieux user des interstices qui nous sont encore offerts ? Cette stratégie d’occupation de l’espace peut être interprétée comme celle du parasitisme

Un parasitisme ne renvoyant pas ici à sa définition classique, qui est « vivre au crochet d’autrui », mais à son étymologie première, Parasitos, qui provient de la Grèce Antique : le convive, ou hôte, qui « mangent à coté » lors des banquets. Ce dernier par sa seul présence à la tablée offre aux convives ce « don de rien », pour reprendre le titre d’un livre de Jean Duvignaud. C'est-à-dire un don de soi hédoniste, ayant pour seul finalité la consummation, l’effervescence du partage, et du sentir en commun. Il est heureux que ce rien réponde à un tout, afin que cette valeur, non-rationnelle, devienne l’un des fondements du social. Claude Combes, biologiste et auteur de Les associations du vivant, L’art d’être parasite[xi], affirme que ce parasitisme, si mal considéré par les humains, est dans le règne animal et végétal, l’une des conditions vitales pour le renouvellement et la perpétuation des espèces. Toujours en référence à la mimesis que nous mettions en avant au début : le règne animal nous enseigne que de nombreuses espèces vivent en co-adaptation et en co-évolution, et qu’elles « inventent » sans cesse de nouvelles stratégies adaptatives faces au pressions du milieu.

Le premier à se préoccuper de phagocyter ou parasiter l’espace est Jean-Louis Rey, dit Chanéac, et à sa suite, Hausserman et Ionel Schein… Désormais, cette stratégie en architecture nous est familière par les termes de « pop up » ou de « plug in » inspirés de l’informatique. Chanéac, en développant une architecture de cellules qui se branchent – plug - les unes aux autres, conçoit des « sortes de cellules biologiques proliférant dans l'espace en contrepoint des structures « Mégalithiques » enracinées » [xii]. Ce même architecte promouvra une architecture « insurrectionnelle », faite de bulles pirates fixées par ventouses et crochets sur des HLM.

Cette proposition découle du pari impossible de désirer trouver des solutions, afin d’allier à la fois l’ouverture vers de nouveaux paradigmes permettant de respecter la pensée de penseur, tel que Serge Moscovici, lorsqu’il évoque le fait que la nature ne doit plus être considérée comme une ressource, ni un instrument, mais bien une forme de vie à part entière. Et le constat d’une urbanisation galopante et aveugle qui se coupe au fur et à mesure des cycles naturels en les artificialisants. Ainsi, au lieu de briser le cycle des dépendances pour une autonomie exacerbée fruit de l’individualisme, ne devons-nous pas plutôt l’augmenter et la généraliser, et en conséquence renforcer le principe de réciprocité.

Habiter une sphère devient le symbole d’une architecture mouvante et adaptative au paysage. Ce foyer aux généreuses rondeurs, qui s’impose devant les nécessités économiques et environnementales se situe encore à cheval entre l’imaginaire et la réalité. En tant que voie médiane, il participe de concert à cette expérience mixte hétérotopique.


POUR CONCLURE

Rappelons pour conclure ces mots de Foucault dans « Les espaces autres » lorsqu’il mentionne l’exemplarité du bateau : « […] c'est un morceau flottant d'espace, un lieu sans lieu, qui vit par lui-même, qui est fermé sur soi et qui est livré en même temps à l'infini de la mer et qui, de port en port, de bordée en bordée, de maison close en maison close, […] est non seulement, bien sûr, le plus grand instrument de développement économique (ce n'est pas de cela que je parle aujourd'hui), mais la plus grande réserve l'imagination. Le navire, c'est l'hétérotopie par excellence. Dans les civilisations sans bateaux les rêves se tarissent, l'espionnage y remplace l'aventure, et la police, les corsaires. »[xiii] Les autoconstructions, avec la sphère pour symbole, ont le mérite de réinjecter, au même titre que ce navire, dans une civilisation en proie à la saturation et face à ses propres impasses écologiques, de la rêverie, de l’imaginaire, enfin les nécessaires figures du changements. Devant l’incapacité de se renouveler et de réinventer des formes nouvelles, ces constructeurs puisent dans les instants qui se donnent à voir, à imaginer dans l’ici et maintenant, afin de trouver des issues aux problèmes que l’on nous a légué et dont l’urgence se fait de plus en plus sentir. On nous sommerait d’avancer, tout en essayant de ne pas reproduire les erreurs du passé.




  1. [i] Marie-Ange Brayer, La ville des cartes habitées,http://www.frac-centre.asso.fr/public/collecti/textes/crit01fr.htm [ii] Gaston Bachelard La poétique de l’espace, Ed PUF, Coll Quadrige (1 ère édition 1957), 2004, p 209 [iii] Le désert et l’imagination cosmo- poétique in Colloque de Nîmes de l’Institut international de géopoétique : Géographie de la culture - espace, existence, expression-, octobre 1991http://www.geopoetique.net/archipel_fr/institut/cahiers/col2_jjw.html [iv]Peter Sloterdijk, «Sphères», tome I «Bulles», Ed Pauvert quatrième de couverture. [v] Architecture et bionique : construction naturelle, Denges : Delta, 1985 [vi] Les Lois de l’imitation, édition électronique :http://classiques.uqac.ca/classiques/tarde_gabriel/lois_imitation/lois_imitation.html [vii] Peter Sloterdjik Règle pour un parc humain, une lettre en réponse à la Lettre sur l’humanisme de Heidegger, Edition mille et une nuits n°262, 2000 [viii] Traité à l’usage des jeunes générations, Edition Electronique, http://arikel.free.fr/aides/vaneigem/ [ix] Michel Foucault Des espaces autres (1967), Hétérotopies, Architecture, Mouvement, Continuité, n " 5, octobre 1984, pp. 46-49(disponible sur http://foucault.info/documents/heteroTopia/foucault.heteroTopia.fr.html) [x] Hakim Bey TAZ(copyleft) http://www.lyber-eclat.net/lyber/taz.html [xi] L’art d’être parasite, les associations du vivant, Ed Flammarion, Coll Champs, 2003. [xii] Ibidem. La ville des cartes habitées [xiii] Ibidem Des espaces autres

 
 
 

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